Assassin’s Creed Shadows : immersion totale au Japon féodal

Ubisoft nous avait promis un Assassin’s Creed au Japon féodal, et après des années d’attente, c’est enfin une réalité avec Assassin’s Creed Shadows.

Dès mes premières heures de jeu, j’ai compris que cet opus avait quelque chose de spécial, bien loin de mes attentes initiales et des univers que j’aime. Bon, je ne vais pas vous le cacher : je ne suis pas particulièrement fan des univers de ninjas / samouraïs. Je craignais un jeu trop cliché, trop ancré dans une vision fantasmée du Japon ou simplement trop « japonisant ». Pourtant, dès les premières missions, j’ai été absorbé par une infiltration ultra-fluide, un monde ouvert plus dynamique que jamais et un gameplay qui offre une vraie richesse dans l’approche des missions.

Après plus d’une vingtaine d’heures (quasiment trentaine) aux côtés de Naoe et Yasuke, explorant ce Japon féodal en pleine ère Sengoku, testant les nouvelles mécaniques d’infiltration et découvrant les subtilités du gameplay, je peux affirmer que Shadows apporte bien plus qu’une simple relecture historique. Il modernise la formule tout en respectant les bases qui ont fait le succès de la saga.

Alors, cet opus renouvelle-t-il Assassin’s Creed ou se contente-t-il d’être une simple carte postale du Japon médiéval ? Voici mon avis détaillé.

Histoire et narration

Nous sommes en 1579, en pleine période Sengoku, une époque où le Japon est divisé par des guerres de pouvoir. Contrairement aux précédents volets, Shadows renoue avec la guerre secrète entre Assassins et Templiers, plaçant cette lutte au cœur du récit et de l’intrigue. Ce retour aux racines de la franchise apporte une dimension plus stratégique et immersive aux événements historiques du jeu. Cinquante-cinq ans après la mort d’Ezio Auditore, le pays est en pleine mutation, devenant un nouvel enjeu dans la lutte entre Assassins et Templiers.

Dans ce contexte, nous incarnons Naoe, une kunoichi (terme japonais pour « femme ») du clan Iga cherchant à venger son peuple après le massacre de son village. En parallèle, nous incarnons aussi Yasuke, un ancien esclave d’origine africaine devenu samouraï, tentant de se faire une place dans une société qui le perçoit comme un étranger. Ce dernier est inspiré d’un personnage réel portant le même nom, ayant servi sous le commandement d’Oda Nobunaga, l’un des seigneurs de guerre les plus influents du Japon féodal.

Le duo offre une belle complémentarité et permet d’explorer différentes facettes du Japon féodal. Naoe représente la subtilité et la ruse, tandis que Yasuke incarne la force brute et la loyauté à son code d’honneur. Ubisoft a pris soin de développer ces personnages avec suffisamment de profondeur pour éviter qu’ils ne soient de simples archétypes.

L’histoire est bien rythmée et prenante, mais elle souffre d’un manque de dynamisme dans sa mise en scène. Les dialogues sont trop figés, et certaines scènes cruciales manquent d’impact. Par exemple, un face-à-face entre Naoe et un chef de guerre aurait pu être un moment clé du récit, mais la rigidité des animations empêche de ressentir pleinement la tension de la scène. C’est dommage, car le scénario est intéressant et aurait mérité une exécution plus immersive et dynamique.

Gameplay

Si l’histoire pose les bases, c’est bien le gameplay qui définit l’expérience. Ubisoft a peaufiné les mécaniques d’infiltration et de combat pour proposer une approche plus stratégique et immersive.

L’infiltration est au cœur du jeu et rappelle les meilleurs moments d’Assassin’s Creed Unity, tout en intégrant des éléments modernes vus dans Mirage. Naoe est un vrai plaisir à jouer : agile, rapide et précise, elle offre une fluidité impressionnante qui rend chaque déplacement naturel. Les phases de kiji-kiri sont particulièrement intéressantes, car elles permettent de mieux comprendre son évolution, ce qui a façonné son style de combat et sa manière d’aborder les missions. Elles apportent une vraie profondeur à son personnage et renforcent son immersion dans l’univers du jeu. J’ai d’ordinaire tendance à foncer dans le tas, mais ici, j’ai pris un plaisir fou à me faufiler dans l’ombre, observer les gardes et utiliser les outils mis à disposition. Entre le grappin, la possibilité d’éteindre les lumières pour se dissimuler et l’usage des shurikens et kunais, chaque mission devient un puzzle d’infiltration à résoudre.

À l’opposé, Yasuke propose un gameplay bien plus brutal. Ses mouvements sont plus lourds, rappelant ceux d’Eivor dans Valhalla. Il frappe fort, encaisse bien, mais son style de combat manque parfois de finesse, ce qui peut rendre certains affrontements brouillons. L’utilisation du fusil teppô apporte une nouvelle dimension au combat, mais son maniement reste assez rigide. Il est évident que Shadows a été pensé avant tout pour l’infiltration, et Yasuke, bien que puissant, est moins plaisant à jouer que Naoe en raison d’un manque de réactivité dans ses attaques. Dans tous les cas, il, et son gameplay, ont le mérite d’exister.

Chaque personnage possède ses propres compétences avec six arbres de maîtrise distincts. Ces arbres permettent de débloquer des aptitudes spécifiques au combat ainsi que des compétences passives qui affinent leur style de jeu. La progression se fait en accumulant des points de maîtrise, obtenus en accomplissant des quêtes ou en montant en niveau. Chaque arbre est divisé en plusieurs paliers qui se débloquent progressivement au fil de l’aventure, offrant ainsi un sentiment d’évolution constant. En plus de ces compétences, Yasuke et Naoe disposent chacun de leur propre équipement. Il sera donc essentiel de leur attribuer des pièces adaptées à leur style de combat respectif, que ce soit en privilégiant la furtivité et la rapidité pour Naoe, ou la force brute et la résistance pour Yasuke. Trouver le bon équipement devient un élément clé pour maximiser leur efficacité sur le terrain.

L’IA ennemie a été améliorée, avec des gardes qui surveillent activement les bruits et modifient parfois leurs itinéraires, ce qui pousse à repenser son approche. Toutefois, elle reste perfectible : il m’est arrivé d’éliminer un garde sous les yeux d’un autre sans qu’il ne réagisse, ce qui casse un peu l’immersion. Mais dans d’autres situations, j’ai été surpris par la vigilance de certains adversaires, ce qui prouve que des efforts ont été faits pour rendre les ennemis plus crédibles.

Un autre ajout marquant de Shadows est la gestion du repaire. Bien plus qu’un simple quartier général, il évolue avec le jeu et devient un centre stratégique essentiel. Chaque amélioration apporte un avantage concret : recrutement d’alliés, perfectionnement des équipements ou accès à de nouvelles options tactiques. Ce système donne un vrai sentiment de progression et d’attachement à ce refuge que l’on façonne au fil du temps. Chaque amélioration influence directement l’aventure. Investir dans le repaire permet d’accéder à des armes plus performantes, d’obtenir des ressources et même de former des assassins pour épauler le joueur en mission. Cet ajout apporte une profondeur bienvenue et incite à s’investir davantage dans l’univers du jeu.

Bon, n’étant pas créatif pour un sou, c’est toujours ce genre de fonctionnalité que j’ai du mal à appréhender… Je n’ai pas la patience de peaufiner tel ou tel élément afin d’avoir LE repaire parfait ! Je place alors souvent les choses où il y a de place en me disant « je modifierai plus tard », mais sans jamais le faire. Pourtant, je reconnais que pour ceux qui aiment la personnalisation et la gestion, ce système apporte une vraie profondeur et un sentiment d’évolution intéressant. 

Open World et exploration

Ubisoft maîtrise l’art du monde ouvert, et Shadows en est la preuve. La carte, légèrement plus petite que celle de Valhalla, est bien mieux optimisée. Contrairement aux vastes étendues parfois vides des précédents opus, chaque région ici est dense et regorge de vie. Villages animés, temples majestueux, châteaux fortifiés, forêts luxuriantes et rizières s’étendant à perte de vue : chaque environnement a été travaillé avec une grande attention aux détails pour offrir une immersion totale.

Le véritable atout de cet open world réside dans sa météo dynamique et son cycle des saisons, qui influencent directement le gameplay. En hiver, la neige recouvre le paysage, rendant les déplacements plus lents et augmentant le risque de laisser des traces visibles. Les PNJ réagissent en conséquence : ils restent davantage en intérieur, réduisant le nombre de patrouilles extérieures, mais densifiant les espaces clos, rendant l’infiltration plus compliquée. En été, les rues et marchés sont plus animés, avec une foule plus dense qui peut autant offrir des cachettes que compliquer les déplacements discrets. La pluie masque vos pas, idéale pour l’infiltration, tandis que le vent peut réduire la visibilité des ennemis ou au contraire gêner vos propres mouvements.

Les villes et villages sont bien plus dynamiques que dans les précédents jeux. Les PNJ ne sont plus de simples figurants statiques : ils vaquent à leurs occupations, réagissent aux conditions climatiques et interagissent entre eux, rendant l’univers beaucoup plus crédible. Il est fréquent d’assister à des disputes entre marchands, de voir des samouraïs patrouiller dans les rues ou des paysans vaquer à leurs tâches quotidiennes, ce qui renforce la sensation d’un monde en mouvement.

L’exploration a aussi été repensée pour éviter l’effet « carte remplie d’icônes ». Ici, l’accent est mis sur la découverte naturelle : écouter les conversations, suivre des indices visuels ou simplement se laisser porter par l’environnement permet de tomber sur des missions secondaires intéressantes, qui s’intègrent de manière plus organique au monde du jeu.

Les points de synchronisation sont toujours présents, mais avec une utilité légèrement modifiée et allégée. Désormais, ils ne servent plus à dévoiler la carte, mais à identifier des opportunités stratégiques comme des cachettes, des routes discrètes ou des endroits propices aux assassinats. L’aigle emblématique de la saga a disparu, remplacé par un système d’observation plus immersif où il faut analyser le terrain soi-même, rendant l’exploration plus engageante et moins assistée.

Mon avis et conclusion

Je ne pensais pas autant accrocher à Assassin’s Creed Shadows. À vrai dire, même si je suis super-fan de la saga, j’ai longtemps hésité à essayer cette aventure de peur d’être vraiment déçu. Comme je le disais plus haut, je ne suis pas fan de l’univers proposé, et pourtant, j’ai été totalement pris par son ambiance et son gameplay. L’infiltration est une vraie réussite, avec une fluidité et une richesse tactique dignes des meilleurs épisodes de la saga. L’open world est vivant, la météo et les saisons renforcent l’immersion, et l’ensemble donne une réelle sensation de liberté.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Les combats de Yasuke manquent de finesse, l’IA des ennemis est encore inconstante et certaines cinématiques trop statiques nuisent à l’immersion. Mais, heureusement et en plus de l’histoire proposée, le gameplay de Naoe compense largement ces défauts. Son agilité et la sensation de contrôle qu’elle procure apportent un véritable vent de fraîcheur à la saga. C’est clairement ce qui m’a le plus marqué et ce qui me fait dire que malgré ses défauts, Assassin’s Creed Shadows est une réussite.

Si vous aimez l’infiltration et les mondes ouverts immersifs, vous allez adorer. Si vous êtes plus adepte des combats nerveux et ultra-précis, vous pourriez être un peu frustré, surtout si l’on compare avec un Ghost of Tsushima sorti il y a déjà quelques années. Dans l’ensemble, Assassin’s Creed Shadows prouve que la saga sait encore se renouveler, surprendre et nous faire rêver, même quand on ne l’attend pas forcément.

Bien entendu, n’oubliez pas : rien n’est vrai, tout est permis !